Vélorution ! Nous réclamons la rue pour les cyclistes et autres non-motorisé·e·s (et les trottoirs pour les piéton·ne·s). Éteignez vos moteurs ! Respirez le bonheur !
De temps en temps, un député ou un sénateur veut rendre obligatoire le port du casque pour les cyclistes…
Vélorution tient à rappeler sa position contre l’obligation de porter un casque à vélo, qui est aussi la position de toutes les associations cyclistes qui n’ont pas de vocation sportive.
D’une part, l’efficacité sur l’accidentologie d’une législation obligeant les cyclistes à porter un casque n’est pas prouvée. D’autre part, l’obligation de porter un casque est nuisible car elle décourage la pratique du vélo dont les bienfaits (pour la santé par exemple) ne sont plus à prouver. Le bilan d’une éventuelle obligation est donc déjà connu : globalement négatif. Chaque cycliste doit rester libre de porter un casque ou non.
Nous considérons que la ville doit se désintoxiquer de la voiture et de la moto. Avant de penser à protéger les cyclistes malgré eux ou elles, il serait préférable de limiter les dangers subis, en remontant à la source des mesures préventives possibles. Les améliorations sur lesquelles légiférer en priorité seraient de diminuer la vitesse motorisée (avec comme effets bénéfiques la baisse du bruit et de la pollution de l’air) et d’aménager les rues et routes pour un meilleur partage par tous les usagers.
En ce qui concerne les aménagements, deux exemples de mesures positives récentes ont montré leur justesse : les rues à contre-sens pour les cyclistes, ainsi que la possibilité pour les cyclistes de tourner-à-droite et d’aller-tout-droit au feu rouge. De façon naturelle, cyclistes et piétons se déplacent sans heurts et sans avoir besoin de signalétique particulière et/ou d’équipements coûteux ; la signalétique actuelle est née de la circulation automobile ; les équipements ne sont, en général, pas conçus par des cyclistes, d’où leur dangerosité malgré les alertes des associations : bandes sur trottoirs, bandes le long des portières, entrées et sorties de pistes et bandes discontinues. Tout ceci tend à démontrer que les politiques qui veulent s’intéresser au vélo comme moyen de déplacement devraient d’abord commencer par s’intéresser aux cyclistes et aux associations et collectifs qui les regroupent, avant de prendre des initiatives malheureuses qui, on le constate, vont trop souvent dans le sens de la perpétuation de la ville des années 1960 d’abord faite pour l’automobile. Rendre la ville moins violente, cela pourrait aussi passer par l’élimination progressive des feux tricolores afin de rendre les usagers des véhicules motorisés plus vigilants et attentifs à tous les autres usagers, motorisés ou non ; augmenter la conscience de la présence des autres depuis l’intérieur d’une carlingue automobile ou d’un casque moto aura pour effet de diminuer leur vitesse.
Une autre manière d’envisager la circulation en ville ou à la campagne est de partir de la constatation que plus il y a de cyclistes, moins ils sont en danger. La meilleure manière de protéger les cyclistes est donc d’encourager l’usage du vélo (ce qui demande du courage politique), le contraire de ce que provoquerait l’obligation de porter un casque (cette lubie qui prend de temps en temps l’un·e ou l’autre sénateur·député·e automobiliste, plus comme une opération de comm’ qu’un véritable souci de l’intérêt général)… Et rappelons que plus une ville est cyclable, plus elle est agréable pour toutes et tous : moins de violence, moins de pollution, moins de bruit, plus de convivialité.
Un message donc au prochain député ou sénateur qui voudra obliger les cyclistes à porter un casque : si vous n’êtes pas en service commandé de la part du lobby motorisé, alors prenez d’abord contact avec les associations, étudiez les retours d’expérience venant de l’étranger, et réfléchissez à d’autres propositions de lois qui s’attaqueraient, par exemple, à la vitesse motorisée et à la pollution émise par les moteurs qui font nettement plus de morts par an que l’usage de la bicyclette.
Un message à toute personne ayant le pouvoir de légiférer : nous vous invitons à préférer le vélo comme moyen de vos déplacements. Alors, vous deviendrez peut-être vélorutionnaire : vous aurez envie de changer le monde dans lequel vous roulez.
En France
L’exemple australien
L’Australie est le premier pays à avoir rendu obligatoire le port de casque pour les cyclistes de tout âge, il y a de cela une vingtaine d’années. Cette loi semble difficilement réversible, mais c’est bien dommage : de nombreuses études montrent l’impact globalement négatif de cette obligation. Voir, en anglais :
L’exemple anglais
L’exemple canadien
L’exemple états-unien
Une étude comparée des États Unis (casque obligatoire) et Pays Bas (casque facultatif) :
Les automobilistes sont statistiquement plus sujets à des traumatismes crâniens que les cyclistes. Ils devraient donc être les premiers à porter un casque, dans leur voiture. Les piétons également, courent un grand danger à circuler à pied, risquant à tout instant de se faire tamponner par un véhicule.
Voilà, on peut facilement pointer du doigt d’où vient le danger : la vitesse motorisée et la trop grande place accordée aux véhicules motorisés dans la rue ou sur la route. C’est à ces problèmes qu’il faut s’attaquer en premier. Ne pas le faire reviendrait à obliger à porter un masque respiratoire au lieu de lutter contre la pollution de l’air ; ou, dans une situation imaginaire où les pistolets seraient autorisés dans la rue, à obliger tout le monde à porter un gilet pare-balle au lieu d’interdire le port d’armes.